Mercredi 23
Janvier
On a
raté Evan (ou plutôt Evan nous a ratés),
et on n’en n’est pas trop désolés car il a dévasté Fidji et les Samoa.. .
Oui,
Garry, comme Evan, était une dépression tropicale, et n’ayant pas trop de terre
pour le freiner, il s’est transformé en cyclone…
Depuis
une semaine, on suit son parcours, depuis Wallis (de ‘Wallis-et-Futuna), Fidji,
les Samoa… au cas où vous auriez du mal avec la géographie du Pacifique, ça
veut dire qu’il se rapproche des îles Cook…
Depuis une
semaine, toute l’île est suspendue aux bulletins de suivi météo… Pas facile de
faire des prédictions pour un grain de sable dans l’océan… Apparemment, il
s’est faufilé entre Palmerston et Suwarow (2 des îles du Nord), et il se
rapproche tranquillement, à une vitesse de 6 neuds (≈ 12 km/h).
On continue donc les préparatifs commencés il y a quelques
mois… aujourd’hui, on a retendu les cordes au-dessus du toit, on en a placées au-dessus du hangar, on a attaché ensemble et
à un arbre les bidons de compost, on a continué la coupe les caramboliers, non
pas de peur qu’ils tombent sur la maison, mais parce qu’il est plus facile
d’élaguer avant que de déblayer ensuite les branches cassées et emmêlées au
sol.
Dans le jardin, tout ce qui était récoltable l’a été, les
feuilles de cocotiers qui servaient d’abri aux plantes ont été déposées au
sol, ainsi que les plantes grimpantes ou attachées à un support,
comme les tomates.
Sonja a depuis longtemps fait des provisions de lampes de
poche, piles… On prévoit dans les prochains jours de préparer des réserves d’eau
à boire, rappelez-vous, il faut la faire bouillir 10 mn, puis il faut qu’elle
refroidisse assez pour pouvoir la mettre en bouteille, et avec nos toujours
30°C, ça ne refroidit pas comme ça (il faut toute la nuit ou toute la
journée)! Il faut aussi faire en
fonction du stock de bouteilles vides, donc ça ne se fait pas en un clin d’œil,
en allant acheter 2 packs d’eau au supermarché !
Les dernières nouvelles annoncent Garry toujours en pleine
face, vendredi vers 20h ; ce sont les nouvelles d’Internet surtout ;
LE journal du jour annonce que Garry va probablement éviter Aitutaki – là, le
décalage entre la mise sous presse et la publication se révèle problématique…
Il y a UNE radio locale sur l’île ; elle diffuse
surtout de la musique, et QUELQUES bulletins d’information locale, mais fort
limités…
Et la télé ? Il y a eu une chaîne locale… qui
diffusait après ses heures de diffusion des programmes néo-zélandais… et qui
n’a plus pu le faire (droits de retransmission sûrement), ensuite après une
interruption, elle a diffusé des programmes australiens, avant d’être
contrainte à s’interrompre à nouveau…les gens qui s’en occupaient sont
partis … et il n’y a plus de chaîne télé, on ne capte pas celle de Rarotonga…
donc sans satellite, pas de télé – et pas d’infos locales !
Internet et le bouche à oreille sont donc les sources
d’informations, qui ne se recoupent pas toujours selon l’heure de connexion des
personnes…
Au moins, on n’a pas le bourrage de crâne médiatique français
dès les premiers flocons !
Jeudi 24
Janvier
Donc ce matin, suite de la coupe des caramboliers, des
bambous qui risquent de tomber sur la route ou sur les bananiers, ramassage de
tous les fruits qui vont finir en confiture ou en jus, en espérant que le
courant ne sera pas coupé ou pas trop longtemps, Christian vérifie tous les
volets, les tôles ou morceaux de tôle sont stockés et ancrés, les plantes en
pot sont rangées le long du mur de la maison, les arbres penchés sont étayés,
tout ce qui est au-dehors et qui risque de s’envoler est rangé ; on
vérifie que les couvercles des tanks d’eau sont bien fermés et ne risquent pas
de s’envoler.
Et le temps ? Ben, le ciel est couvert, mais pas
trop, il y a du vent, mais pas trop et pas tout le temps, l’océan dans le lagon est plutôt calme, bref,
sans le suivi météo, on ne se douterait pas qu’un cyclone nous arrive droit
dessus.
En allant ‘en ville’ acheter le journal (il n’y en avait
plus), et une glace (il n’y en a plus sur toute l’île et il n’y en aura plus
avant le prochain bateau dans 3 semaines, le bateau de lundi a fait demi-tour
sans décharger ses marchandises car la mer en dehors du récif était trop
mauvaise)…
Donc, en allant faire nos ‘pas de courses’, on a trouvé plus
de monde sur les toits que sur la route…chacun consolide sa maison, le cyclone
qui a dévasté Aitutaki en 2010 est encore bien présent dans les mémoires.
Ce soir, vers 6h, on a bien bossé, on est à peu près dans les clous, heureusement, car
le coup de fil d’un ami apprend à Sonja que Garry est prévu pour demain à 14h au
lieu de 20h, il a pris de la vitesse.
Le vent souffle maintenant en continu, mais toujours pas
très fort, et il n’a quasiment pas plu depuis quelques jours…
Un dernier coup d’œil sur Internet vers 22h : Garry
est passé en catégorie 3 : depuis deux jours, il s’est renforcé, passant
de la catégorie 1 à la catégorie 3 (sur 5), qui correspond à des vents moyens
entre 120 et 160 km/h.
Tout est calme sur l’île, quelques voitures passent, très
peu, et aucun scooter.
On verra bien ! On a préparé un sac d’urgence en cas
d’évacuation, avec ordinateur, téléphone, chargeurs, de l’eau, des lampes, quelques
gâteaux et raisins secs et portefeuilles ; nos passeports, le document le
plus précieux de tout français à l’étranger ? Ah non, pas nos passeports,
ils sont toujours à Rarotonga, à l’immigration (on espère, et on espère aussi
que leurs locaux sont sécurisés !
Vendredi 25
janvier
4h du matin… le vent souffle très fort, il pleut à seau…
Garry serait-il en avance ? Il fait encore nuit noire bien sûr et on n’a
pas très envie de se lever et d’aller se barricader, mais s’il le faut…
Puis non, le vent se calme d’un coup, la pluie
aussi ; le reste de la nuit, il y aura encore beaucoup de vent, mais un
vent ‘normal’.
7h30 : toujours gris et du vent en rafales, mais pas
plus que ça…
Un membre du conseil municipal arrive sur son
scooter : Garry sera là à 8h, il faut se tenir prêts !
Flûte alors, quel malappris, ce Garry… on n’a pas déjeuné,
on n’est pas encore allés voir le lagon… tout à l’air encore bien calme, 27
degrés, gris, du vent, quelques gouttes… ça doit vraiment arriver vite, un
cyclone.
On fait chauffer l’eau du thé et on descend à la plage, en
essayant de ne pas s’attarder sous les cocotiers du
chemin..
Les vagues grossissent sur le récif, mais de là, rien de
commun avec l’Atlantique déchaîné en Bretagne par exemple.
Nous remontons déjeuner, Sonja se connecte, et dit qu’on
pourra commencer à fermer un volet sur deux après. Il ne faut pas fermer top
tôt, car sinon, on n’a plus d’air et on étouffe ; il sera bien temps tout
à l’heure.
Elle se connecte en même temps qu’elle parle, et là,
surprise… Garry a faibli, et il est passé au nord-est d’Aitutaki, en continuant
sa route vers l’est ; nous n’avons plus qu’un avis de coups de vent et de
grosse mer ; et il va aussi épargner Rarotonga apparemment !
………… sauf s’il se ravise et fait demi-tour, ou
rencontre une autre dépression qui le renforce encore et lui donne aussi envie
de rebrousser chemin…
Parce qu’ils sont comme ça les cyclones… ils n’en font
qu’à leur tête de cyclones….
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